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17/04/2013

Georges Pontier : la fibre sociale du nouveau président des évêques de France

39279_georges-pontier-marseille_440x260.jpgLes évêques de France, réunis pour leur traditionnelle assemblée plénière, viennent d'élire leur nouveau président, l'archevêque de Marseille Georges Pontier, un homme de dialogue, imprégné par le christianisme social. Il succède à André Vingt-Trois, l'archevêque de Paris.


« C'est un homme de la culture du rugby qui s'est adapté à celle du foot ». La phrase est de Pierre-Philippe Leyat, laïc engagé dans une paroisse marseillaise. En quelques mots, (presque) tout est dit du nouveau président de la Conférence des évêques de France : simplicité, chaleur ensoleillée et, surtout, capacité à s'adapter à l'autre. « Il est né en 43. C’était une bonne année ! J’ai partagé avec lui, pendant un an, le même couloir du foyer des jeunes prêtres étudiants à Toulouse. Je suis sûr qu’à cette époque là il ne pensait pas 'tous les matins en se rasant' à un avenir épiscopal ! Simple, chaleureux, souriant, du soleil dans les yeux et dans son verbe, il ne manquait pas le rituel du café qui nous permettait de refaire le monde tous les jours entre midi et 14h. C’était l’année universitaire 67/68 ! ». C'est ainsi que Jean Casanave, prêtre des Pyrénées Atlantiques décrit Georges Pontier sur son blog. En élisant Georges Pontier, évêque de Marseille, pour devenir leur Président, les évêques de France ont choisi une personnalité chaleureuse et sociale, dans la pure veine du christianisme social, ouverte au dialogue avec les autres religions, notamment l'Islam. Un choix stratégique à un moment où la réflexion gouvernementale sur la laïcité inquiète les musulmans de France qui craignent une recrudescence des actes islamophobes et qu'un sondage révèle que 3 français sur 4 ont une image négative de l'Islam.

En février 2011, il avait participé à une formation sur le dialogue interreligieux à Lyon aux côtés d'une cinquantaine d'autres évêques. En 2012, en marge de l'assemblée des évêques à Lourdes, il avait déclaré que côté catholique, il y avait « deux positionnements » par rapport aux musulmans : « L’un concerne des gens habités par un sentiment de peur, lié au contexte international et mondial, et qui développent une thématique qui contribue de fait à durcir le positionnement des chrétiens face aux musulmans (…) De l’autre côté, il y a ceux qui vont au contact et disent que la situation est différente en Europe et en France. A la limite, ceux qui tiennent le langage de la peur sont ceux qui rencontrent le moins de musulmans. (…) Et les plus sereins sont ceux qui vivent avec, même s’ils ne sont pas naïfs et notent qu’il y a eu des durcissements survenus dans la communauté musulmane ». Un positionnement équilibré qui lui vaut la réputation d'être un bon artisan du dialogue islamo-chrétien et un homme de dialogue. Et pas seulement avec les autres religions. Pierre Philippe Leyat explique : « Il est à l'écoute de toutes les sensibilités, c'est un homme prudent, d'autant qu'à Marseille, le spectre des sensibilités ecclésiales est large. Dans les réunions, il absorbe ce que disent les uns et les autres et il synthétise le tout de manière brillante. »

Celui que Benoît XVI a nommé archevêque de Marseille en 2006, ville cosmopolite par excellence, s'intéresse de près aux jeunes, aux pauvres et aux immigrés. Aussi social que spirituel, il avait répondu un jour à une adolescente qui le pressait de questions anecdotiques sur la foi : « Vise le centre de la cible, le Christ. Ne te perds pas dans les détails qui cachent l'essentiel... » 

Georges Pontier est né il y a soixante-trois ans dans une famille nombreuse de 11 enfants. Ordonné prêtre à 23 ans, en 1966, dans le diocèse d'Albi, il commence par enseigner au petit séminaire des jeunes du Tarn. En 1985, il prend la charge de curé de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi. En 1988, il devient, à 44 ans, l'un des plus jeunes évêques de France lorsque Jean Paul II le nomme à Digne. En 1996, il part pour La Rochelle-Saintes, où il mettra en œuvre un synode mémorable. Parallèlement, il accepte bientôt la charge de vice- président de la Conférence des évêques, où il épaule le président, Jean-Pierre Ricard. À Paris, il cornaque la réforme des structures épiscopales. La tâche est ingrate pour un pasteur de terrain, mais l'homme s'en acquittera avec une bonne humeur insubmersible : « Il a un mental très fort qui s'appuie sur une grande capacité de recul, et de l'humour aussi, explique un de ses amis. Une de ses expressions favorites est: « Les semeurs sont en forme, les moissonneurs sont fatigués ! »

Semer les initiatives, plutôt que s'épuiser à faire du chiffre, donc. Et confier à Dieu l'avenir. Adossé à la spiritualité de Charles de Foucauld, Georges Pontier est à la fois spirituel et engagé, homme de réflexion et d'action. Sa prédication est charismatique mais son ego est resté très petit. Tous louent l'intensité de son écoute, son intelligence ample et synthétique, sa finesse de perception des êtres mais aussi sa capacité à trouver le consensus. « C'est un homme évangélique et lumineux, qui vit l'évangile de manière personnelle, confie François Vayne, journaliste à Lourdes pendant près de 30 ans, bon connaisseur du diocèse de Marseille. Un témoin du Christ cohérent, qui aime travailler en équipe. Un prêtre transparent et irréprochable, loin de toute forme de carriérisme ou de cynisme. Son élection est une bonne nouvelle pour le dialogue interreligieux. » Longtemps investi dans la présidence du Cefal (Comité épiscopal France-Amérique latine), Georges Pontier est aussi très sensible aux questions de mondialisation, à celles des étrangers. Il y a quelques années, en tant que vice-président de la Conférence épiscopale, il avait participé aux pourparlers avec Nicolas Sarkozy sur le dossier de l'immigration. « Il s'intéresse à ceux que la vie a abîmés, ceux qui ne satisfont pas forcément aux canons de l'Église, témoignait un laïc à La Rochelle. Comme les divorcés remariés. » Attention aux pauvres, mais aussi aux jeunes. « Je me souviens de son homélie pleine de souffle et de dynamisme pour la messe de départ pour les JMJ de Madrid, raconte Pierre-Philippe Leyat. Il sait trouver les mots pour lancer une dynamique. » Probablement inspirés par les propos du cardinal Vingt-Trois, son prédécesseur qui évoquait hier sa crainte de voir se préparer « une société de violence », les évêques de France ont fait le choix d'un homme de dialogue et de paix.

Article publié sur le site www.lavie.fr par Marie-Lucile Kubacki et Jean Mercier, le 17 avril 2013. 

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