11/04/2013
Un an après le drame de Stains, les églises afro-caribéennes toujours aussi précaires
Le 8 avril 2012, à Stains (Seine-Saint-Denis), à 14h30, lors de la célébration de Pâques, deux personnes, dont une fillette de 6 ans, trouvent la mort à la suite de l'effondrement du plancher d'un local utilisé par l'Eglise évangélique « Armée des combattants pour Christ Nouvelle Jérusalem » dont la plupart des fidèles sont haïtiens. Sur une centaine de personnes présentes, 37 sont blessées.
Une fidèle de la communauté évangélique de Stains évacuée après le drame du 8 avril 2012. (Photo : AFP/Kenzo Tribouillard)
Situé dans un quartier pavillonnaire, le bâtiment avait subi des travaux d'extension mais sans autorisation. Le maire de Stains, Michel Beaumale (PCF), interrogé après le drame, reconnaît que la commission sécurité n'avait pas effectué de visite dans ce local. Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) déclare avoir refusé l'entrée de l'Eglise évangélique dans ses rangs justement à cause de la vétusté de ses locaux.
Deux autres locaux ont dû fermer
Deux jours plus tard, l'enquête révèle que la poutre maîtresse a cédé sous le poids du public. Le pasteur de l'Eglise et le propriétaire des locaux sont mis en examen pour « homicides involontaires » et « blessures », « aggravés par la violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence imposée par la loi ou le règlement ».
Dans un communiqué de presse, le parquet de Bobigny déclare qu'une enquête préliminaire avait été ouverte en octobre 2010. Elle faisait suite au signalement de "présomptions d'infractions au code de l'urbanisme" adressé par Michel Beaumale au parquet. Anne Kostomaroff, le procureur adjoint de la République de Bobigny met en avant le fait que le maire de Stains disposait du pouvoir de « faire fermer ces lieux ».
Précarité
Interrogé le 15 mars 2013 par fait-religieux.com, Michel Beaumale assure d'une part que « l'Eglise haïtienne ne se réunit plus à Stains » et que, d'autre part, « les services de la mairie de Stains ont procédé à la fermeture de deux autres locaux accueillant des fidèles évangéliques et dont les normes de sécurité n'étaient pas conformes. »
Survenu en pleine campagne présidentielle, le drame de Stains avait révélé la précarité matérielle et financière dans laquelle les Eglises évangéliques issues de l'immigration (d'Afrique sub-saharienne, des Caraïbes et du Maghreb) se réunissent chaque semaine pour célébrer leur culte. En Ile-de-France, entre 400 et 600 Eglises évangéliques issues de l'immigration rassemblent 150 000 fidèles d'origines Africaine et Antillaise.
Se rapprocher des autres évangéliques
En 2013, l'Eglise évangélique veut à nouveau se rapprocher du Conseil national des évangéliques de France (CNEF) afin de sortir de la clandestinité et de bénéficier entre autres de conseils juridiques. « L'inflation des loyers en région parisienne et la méconnaissance des arcanes de la laïcité à la française contraignent certains responsables de communautés issues de l'immigration à louer des locaux industriels (hangars, atelier, garages) dont les normes de sécurité permettent d'accueillir des bureaux mais pas un public d'une centaine de personnes », explique le pasteur Daniel Liechti, vice-président du CNEF. « Les demandes de location de salles municipales aux normes sont souvent refusées. Cela dépend de la lecture qu'un maire fait de la laïcité. »
En forte croissance depuis 1945, les évangéliques français sont passés de 50 000 fidèles en 1950 à 600 000 en 2013. Il existe 2200 Eglises évangéliques de différentes tailles. Une Eglise se créée tous les dix jours depuis 1975. Pratiquants assidus, 50% ont moins de 35 ans. Si 70 % sont rattachés au CNEF, et 20% à la Fédération protestante de France (FPF), 10 % soit 60 000 fidèles ne sont affiliés à aucune instance nationale.
Article publié par Linda Caille sur le site www.fait-religieux.com
08:57 Publié dans Actualité des Eglises issues des migrations en Fra | Commentaires (0) | Lien permanent
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