21/06/2012
Manuel Valls rencontre les protestants sur la laïcité
Le pasteur Claude Baty, Président de la Fédération protestante de France a rencontré hier le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Au coeur des discussions : le projet du gouvernement d'inscrire dans la Constitution les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité.
Le gouvernement n'a pas enterré le projet de François Hollande de constitutionnaliser les deux premiers articles de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Mercredi 20 juin, le ministre de l'Intérieur a rencontré, place Beauvau, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération Protestante de France (FPF) pour une discussion au cours de laquelle ce point a été abordé. Dans un communiqué daté du 21 juin, la FPF a précisé qu'"au cours de cette première prise de contact, à l’initiative du ministère, la question de la constitutionnalisation des deux premiers articles de la loi de la séparation de l’Église et de l’État a été le premier sujet abordé.”
Par ailleurs, Manuel Valls “a assuré que les enjeux soulevés par cette perspective seraient traités avec le plus grand soin en tenant compte du travail de la Fédération protestante de France sur le sujet”, précise le communiqué. La formulation est prudente. En effet, le gouvernement n'a pas oublié la polémique soulevée par le discours de François Hollande, au Bourget, le 22 janvier de cette année. Le candidat avait alors déclaré vouloir inscrire « la loi de 1905 de séparation entre l'Eglise et l'Etat dans la Constitution », provoquant un tollé en Alsace-Lorraine. Les Alsaciens et les Lorrains s'étaient interrogés sur les répercussions d'une telle mesure pour leur région sous régime concordataire. depuis 1801
Gêné par l'ampleur de la polémique et l'inquiétude des responsables religieux, dont Claude Baty, le candidat Hollande avait alors précisé qu'il n'avait jamais été question de revenir sur le Concordat. Quatre jour plus tard, il publiait d'ailleurs ses « 60 engagements », où il se proposait “d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution” en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : “La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle.”
Mais il n'a pas renoncé pour autant. La preuve en est cette discussion du 20 juin entre Claude Baty et Manuel Valls. Pour Muriel Menanteau, chargée de communication à la FPF, ce rendez-vous n'annonce aucune prise de décision : “ Il s'agit d'une première prise de contact, normale, entre un ministre de l'Intérieur qui vient d'entrer en fonction et des responsables des cultes. Il ne faut pas en conclure que le gouvernement va constitutionnaliser les articles. La question de la laïcité est importante, il est légitime aussi qu'elle ait été abordée en premier.” Avant son élection, François Hollande, qui souhaitait développer sa connaissance du sujet, avait rencontré des responsables de culte, dont les protestants le 7 mars. Ces derniers lui avaient fait part de leurs réserves : “ il les avait écoutés et il s'était montré rassurant”, poursuit Muriel Menanteau.
Au menu de ce rendez-vous du 20 juin entre le président de la FPF et Manuel Valls, l'acquisition des lieux de culte, conséquence directe de l'application de la laïcité. Claude Baty a évoqué “les difficultés pour l’acquisition ou la location de lieux de culte par bon nombre d’Églises protestantes notamment évangéliques”. En effet, comme l'explique le communiqué, “face au foisonnement des demandes faites aux municipalités, certaines opposent des fins de non-recevoir systématiques pouvant aller jusqu’à des « tracasseries administratives » qui rendent particulièrement complexe le libre exercice du culte dans les conditions et les normes requises.” Manuel Valls a assuré au pasteur Baty “que le ministère poursuivrait un travail d’information auprès des municipalités et des pouvoirs publics afin de faciliter les relations.”
En février dernier, l'ancien Ministre de l'Intérieur protestant Pierre Joxe avait dénoncé une “hypocrisie” dans l'application de la laïcité, lors d'une conférence de presse à la Fondation du Protestantisme et s'était réjouï que le débat soit relancé. Afin de nourrir le dialogue, la Commission Droit et liberté religieuse de la FPF devrait publier un document de réflexion sur les questions de laïcité. Il approfondira la réflexion initiée dans "Vérité, exemplarité, solidarité" de mars dernier qui pointait déjà les questions épineuses de la constitutionnalisation... dont le financement des lieux de cultes.
Article de Marie-Lucile Kubacki, publié le 21/06/2012 sur le site www.lavie.fr
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