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08/01/2013

La Conférence des évêques constate une accentuation « des peurs » concernant les migrants

images.jpegInstaurée en 1914 par le pape Benoît XV, la Journée mondiale du migrant et du réfugié sera célébrée dans toute l’Église catholique dimanche 13 janvier 2013. Elle a pour objectif de « sensibiliser les chrétiens à la présence des migrants dans leurs communautés, mais aussi de les inviter à prier pour ceux de toutes confessions, en France comme à l’étranger, qui vivent difficilement leur migration », a rappelé lundi 7 janvier Mgr Laurent Dognin, évêque auxiliaire de Bordeaux, responsable de la pastorale des migrants au sein de la Conférence des évêques de France (CEF).

 

Si la CEF a souhaité organiser une conférence de presse à son siège parisien, avenue de Breteuil, c’est pour « médiatiser » cette journée et ses répercussions locales – messes, conférences, expositions etc. D’autant que les responsables de la pastorale des migrants présents le reconnaissent : les catholiques font preuve aujourd’hui de davantage de réticence quant au soutien à apporter aux migrants.

Stigmatisation croissante

« Après la période des Trente glorieuses pendant laquelle leur présence ne posait pas de difficultés, on constate aujourd’hui avec la crise une stigmatisation croissante. Celle-ci impacte aussi les chrétiens », a indiqué le P. Bernard Fontaine, directeur du service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes. « Les difficultés d’emplois et de logements rendent difficile la rencontre, mais aussi une certaine crise morale dans les quartiers défavorisés entraînant des actes de délinquance. Nous constatons ces peurs : on ne va pas faire comme si elles n’existaient pas, mais nous devons les dépasser. »

« Il ne faut pas nier que pour beaucoup de chrétiens, ce n’est pas simple », a ajouté de son côté Mgr Dognin. « Cela dépend aussi de là où ils habitent : on peut comprendre que certaines réactions soient assez vives. Les persécutions subies par les chrétiens dans certains pays accentuent aussi les peurs, même si l’on oublie parfois que ces persécutions ne touchent pas seulement les chrétiens. Notre rôle est de les aider à prendre du recul, à ne pas se barricader. D’où l’intérêt d’une journée comme celle-là. »

Soulignant quelques-uns des points principaux du message de Benoît XVI, l’évêque auxiliaire de Bordeaux a noté que le pape, « tout en reconnaissant aux pays le droit de réguler les flux migratoires, nous appelle à ne pas voir les migrants seulement comme des flux mais comme des personnes, avec leurs compétences professionnelles, leur envie de participer au développement de notre pays, leurs richesses spirituelles ». « On ne peut pas enfermer des gens parce qu’ils ont voulu sauver leur vie et les traiter comme des malfaiteurs. Il ne faut pas faire d’amalgame », a poursuivi Mgr Dognin.

« Ils viennent et veulent nous imposer leur foi »

Concernant les migrants pratiquant « d’autres religions », Mgr Dognin a reconnu « des tensions en France sur le plan de la laïcité, en raison notamment d’une présence plus visible de l’islam ». « Il est normal que les gens qui arrivent dans notre pays souhaitent y pratiquer leur foi », a-t-il rappelé. « Certains le font tout en étant impliqués dans leur quartier, d’autres souhaitent se protéger d’une société dont ils craignent qu’elle les éloigne de leurs pratiques, d’autres enfin veulent imposer leur foi par la force. Cela nous ne pouvons l’accepter : nous avons des lois à respecter et à faire respecter. Mais il ne faudrait pas pour autant interdire à tout le monde d’exprimer sa foi, ni même d’en témoigner devant les autres. J’ai envie de dire aux chrétiens qui disent “ils viennent et veulent nous imposer leur foi” : “vous aussi vous pouvez témoigner de la vôtre” ! Avant, il ne fallait pas trop en parler, la foi était un peu enfouie, mais ces migrants qui arrivent de pays où elle s’exprime publiquement peuvent nous aider à professer une foi décomplexée, à participer à la Nouvelle évangélisation. »

Le thème retenu cette année, dans le cadre de l’Année de la foi, est « Migrations : pèlerinage de la foi et de l’espérance ». Membre de l’équipe nationale, Jaklin Pavilla a présenté quelques-unes des initiatives prises cette année, soulignant au passage combien était appréciée « la participation des évêques ». « Le travail des délégués diocésains de la pastorale des migrants n’est pas facile : la présence de l’évêque est un signe d’encouragement », a-t-elle reconnu.

Efforts de l’administration

Au cours de la rencontre avec les journalistes, le P. Fontaine a souligné les « efforts de l’administration » sous la présidence de François Hollande : « abrogation de la circulaire sur les étudiants étrangers, loi de finances réduisant quelques taxes, circulaire du 4 décembre 2012 visant à améliorer l’accueil dans les préfectures et enfin suppression du délit de solidarité » pour les personnes aidant des migrants en situation irrégulière.

Interrogé en revanche sur le droit de vote des immigrés aux élections locales – promis par François Hollande pendant sa campagne – Mgr Dognin a estimé qu’il s’agissait là d’un sujet compliqué. « Pourquoi leur donner certains droits et pas tous, comme celui de se présenter ou d’élire son député ? », s’est-il interrogé, rappelant qu’en France, « traditionnellement le droit de vote est associé à la nationalité, meilleur signe d’insertion dans notre pays ». « Pourquoi ces immigrés de longue date, qui travaillent et payent leurs impôts, n’ont-ils pas la nationalité ? La refusent-ils ou la leur refuse-t-on ? »

Un colloque est prévu au Collège des Bernardins, vendredi 18 janvier et samedi 19 janvier 2013 sur le thème : « Les catholiques et les migrations : histoire, actualité et perspective » en partenariat avec le Centre d’information et d’études sur les migrations internationales, le vicariat pour la solidarité du diocèse de Paris, la pastorale des migrants. « Nous montrerons que les chrétiens ne sont pas les naïfs que l’on croit parfois mais qu’ils souhaitent accueillir sans naïveté et dépasser les préjugés », a fait valoir Jaklin Pavilla.

Article publié sur le site www.lacroix.com par A.-B. H. 

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