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25/05/2012

L'appel de chrétiens catholiques et protestants en faveur des migrants

Couverture de la brochure "A la rencontre du frère venu d'ailleurs" © DR

Couverture de la brochure "A la rencontre du frère venu d'ailleurs" © DR


Dans un contexte de crise, alors que les idées xénophobes défendues par l'extrême-droite semblent faire chaque jour de nouveaux émules, notamment parmi les chrétiens, ce document pédagogique de 16 pages, intitulé A la rencontre du frère venu d'ailleurs, offre une réflexion stimulante sur l'immigration et donne des clés de lecture et de compréhension d'un phénomène qui fait peur à beaucoup. Les auteurs du texte veulent tordre le cou aux préjugés "qui n'ont pas d'assise réelle et sont vecteurs de haine et de rejet". Rappelant que les 3,7 millions d'étrangers résidant en France ne représentent que 5,8 % de la population (un chiffre stable depuis des années), et que beaucoup d'entre eux sont d'origine européenne, ils relèvent cinq idées reçues : "On ne peut pas se laisser envahir par toute la misère du monde", "les migrants sont pauvres et nous coûtent cher", "ils ne savent pas et ne veulent pas s'intégrer", "ce sont tous des délinquants", "ce sont des musulmans, donc ils représentent un problème".

Très argumentées, chiffres à l'appui (on apprend par exemple que le nombre de sans-papier se situe entre 200 000 et 400 000 personnes), les réponses données ne tombent jamais dans l'angélisme ou dans la facilité. "Face à des questions complexes, on ne peut raisonner que de manière complexe", souligne Guy Aurenche, président du CCFD. "Mais nous ne pouvons pas laisser dire ou écrire n'importe quoi, comme cela fut le cas lors de la campagne présidentielle." La publication de cette brochure à la veille des élections législatives ne doit d'ailleurs rien au hasard. Il s'agit bien, selon Patrick Peugeot, président de la Cimade (association qui vient en aide aux demandeurs d'asile) d'"accomplir un geste politique et d'éclairer les chrétiens en leur permettant d'exercer leur discernement face à des discours trompeurs et dangereux".

"Pourquoi l''immigration est-elle toujours considérée comme un problème", regrette ainsi Denis Vienot, secrétaire général de Justice et paix-France. "Et si c'était une chance ?" Une chance pour l'économie française, pour l'aide au développement ou pour la vitalité de chaque culture. Une chance aussi pour les communautés chrétiennes perçues comme des lieux de convivialité et d'intégration. C'est ce que défend Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris, membre de la commission épiscopale pour la Mission universelle de l'Eglise. "En région parisienne, bon nombre de paroisses ont changé de visage ces trente dernières années. Les migrants y ont pris une part active, prenant des responsabilités dans la catéchèse, le catéchuménat ou la liturgie. Beaucoup font partie des conseils pastoraux et apportent ainsi la spontanéité et la vigueur de leur foi. En quittant leur pays, ils ont vécu l'expérience nomade d'Abraham et peuvent ainsi renouveler notre manière de croire, un peu trop sédentaire parfois.»

Les autres évêques signataires, Mgr François Garnier, président de la Commission épiscopale pour la Mission universelle de l'Eglise, Mgr Yves Boivineau, président de Justice et paix France, et Mgr Laurent Dognin, responsable de la pastorale des migrants, sont unanimes. La présence dans notre pays des 1 500 prêtres et des 4 500 religieuses d'origine étrangère contribuent au dynamisme missionnaire de l'Eglise. Mais pour les évêques, au-delà d'une quelconque appartenances commune, les chrétiens sont bien dans leur rôle lorsqu'ils vont à la rencontre du frère, quel qu'il soit, sans rien attendre en retour. "La foi chrétienne et les approches humanistes appellent depuis longtemps à l'accueil de l'étranger. L'interdépendance que crée la mondialisation exige de chacun qu'il apprenne à se déplacer vers l'autre, et qu'il sache accueillir celui qui s'est déplacé", écrivent-ils dans leur préambule.

Une prise de position dans la droite ligne du document épiscopal publié en octobre 2011, Elections : un vote pour quelle société ?, dans lequel la Conférence ces évêques de France proposaient 13 éléments de discernement. Pour Mgr Renauld de Dinechin, il n'y a aucun doute, "l'accueil des étrangers dans notre pays est un sujet qui engage notre foi". C'est la raison pour laquelle les auteurs de la brochure ont jugé utile de proposer quelques pistes d'actions, individuelles et collectives. Parmi elles : combattre au quotidien les idées reçues, proposer ses services aux associations qui travaillent localement auprès des migrants, donner des cours d'alphabétisation, rejoindre des cercles de silence, interpeller les élus locaux, participer à un partage convivial avec des étrangers autour d'un dîner Le goût de l'autre, éviter toute discrimination dans l'emploi ou le logement, accompagner les migrants à la préfecture pour les aider dans leur démarche administrative ou encore avoir une attention particulière auprès de l'usager immigré dans les difficultés anodines de la vie quotidienne (s'orienter dans le métro, affranchir une lettre, etc...).

Cette publication s'inscrit dans le cadre de "Diaconia - Servons la fraternité" . Une démarche lancée début 2011, par près de 50 mouvements et services d'Eglise, qui voudrait sensibiliser les chrétiens au service et à la rencontre des pauvres et des exclus. Pari réussi si l'on en juge par les réactions déjà postées sur notre site. Elles ne sont pas toutes positives, certaines sont même carrément hostiles, mais cela veut dire que ce texte ne laisse pas indifférent. "Tant mieux !, réagit Guy Aurenche. Il est temps pour les chrétiens de se réveiller et de prendre leurs responsabilités. Aussi curieux que cela puisse paraître, les migrants sont des êtres humains, à part entière. Et c'est bien cela qui nous dérange."

Cliquez pour télécharger la brochure : 27838_1337849660_rencontre-frere-venu-d-ailleurs.pdf

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