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21/02/2012

De protestants rouvrent le débat de la laïcité

IMG_2679.JPGLe pasteur de l’Eglise réformée évangélique, Jean-Raymond Stauffacher (représentant le Pôel local de la Fédération protestante de France), et l’éditeur protestant Serge Sarkissian organisaient, samedi soir, au centre Mistral « une occasion de dialogue avec les autres chrétiens » sur la laïcité. Si les échanges n’ont pas apporté de point de vue nouveau, les interventions éclairées de Jean Baubérot, Jean Marc Aveline et Jérôme Gauvadan auront permis de se remettre en tête tous les éléments d’un débat dont le catholicisme n’est plus l’épicentre, c’est l’islam et au-delà l’émergence d’une société française multiculturelle qui sont aujourd’hui en question.

 


Professeur émérite à l’Ecole des hautes études, Jean Baubérot est l’expert es laïcité. Il lui aura consacré sa vie professionnelle et de nombreux ouvrages, dont le dernier, La laïcité falsifiée (*), dénonce les dérives d’un débat national qui « stigmatise les musulmans ». Pour le père Jean-Marc Aveline, directeur de l’Institut catholique de la Méditerranée, « la laïcité n’est qu’une face de la crise de la sécularisation », d’une société sans Dieu. Tandis que vue de ce monde judiciaire, « qui a un peu peur du fait religieux », le bâtonnier Jérôme Gavaudan parle « d’une laïcité à la française d’autant plus compliquée que s’interpose désormais le droit européen. »

« UNE FORCE INVENTIVE POUR RELEVER LES DÉFIS DU XXIE SIÈCLE »

Jean Baubérot reste cependant convaincu que « dans la fidélité à ses principes, à l’esprit de 1905 (loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat), la laïcité peut être une force dynamique et inventive pour relever les défis du XXIe siècle ».

Jean-Marc Aveline partagerait ce point de vue si la laïcité n’endossait pas les habits de l’athéisme. « Laïcité ne signifie pas laïcisme », souligne le prêtre préoccupé par l’évolution d’une société qui « extirperait la dimension religieuse de l’expérience humaine. » Il reconnait cependant que « pour faire avancer la laïcité il faut que chaque religion fasse un travail sur elle-même, passant d’une logique de maîtrise à une logique de contribution ». Sans doute pense-t-il très fort à l’islam. Mais le professeur Baubérot brûle alors d’envie de confronter le catholicisme d’aujourd’hui à cette exigence.

LA FORMATION MISE EN CAUSE

Dans ce débat, la question de la formation reviendra souvent. Redécouvrir le fait religieux interpelle l’école et pas seulement le service public d’enseignement. La formation des imams est un vrai souci exprimé, par Nassurdine Haidari, un musulman engagé dans la vie de la cité phocéenne, ancien imam lui-même, venu apporter son témoignage en fin de soirée. On doit aussi s’interroger sur la formation des magistrats. Plus généralement, Jean Baubérot appelle à faire de la laïcité « un exercice spirituel personnel et quotidien. »

Reste que si personne ne souhaite la révision de la loi de 1905, l’unanimité se faisant pour reconnaitre qu’elle a permis à la société d’atteindre « un point d’équilibre », Jean Baubérot appelle de ses vœux la création d’une commission de réflexion sur les problèmes liés à la diversité de la société française. « Construisons un nouveau mouvement magique », lance-t-il plein d’espoir. 

(*) Editeur La Découverte, 212 p., 17 €

Article publié sur le site www.meilleur2marseille.com. 

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